Que pour qu’il M’adorent_1
Une des questions existentielles qui l’être humain toujours il s’est demandé il est:
“Pourquoi je suis ici?” ou “Pourquoi j’ai été créé?”
La meilleure réponse nous la trouvons dans celle-ci mots d’Allàh :
” Et je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent”
(Cor. Sura Adh-Dhàriyàt n.51, vers.56 )
Cependant pour cueillir les perles du Coran et des nobles mots d’Allàh, il faut chercher aide dans les commentaires (tafsir) des Savants (qui Allàh les récompense). Il fut ainsi que dans l’an 2006 je demandai à mon trés-aimée Shaykh sidi Mustafà Bassir (qu’Allàh soit satisfait de lui) de me commenter et de faire me comprendre mieux ce verset du Coran, pour que je pusse en tirer le plus grand bénéfice, incha Allàh.
Le Shaykh, que dans cette période il était très malade, il donna le charge (‘idn) à son fils sidi Abdel Mughith Bassir, qu’il à obtenu sa maìtrise en Science islamiques à l’Université de Damas (Sirya) assorti de recherches spécifiques dans le cadre du Tasawwwuf. Il se mit à l’oeuvre et a chercher dans toutes les exégèses disponibles et tous les livres en rapport avec ce sujet. Avec l’aide d’Allàh il fit un travail merveilleux, qu’Allàh le récompense. Il présenta son travail à son père, et le Shaykh en fut grandement satisfait. Il donna son assentiment et la signa. C’etait la dernière lettre qui lui fut donner de signer, car dans le même annèe Allàh il l’a appelé près de Lui (inna lillàhi wa ilayhi ràjiùn)
Très chers et nobles Fouqarà, je saisis l’occasion de ce Mois Bénit du Ramadan pour faire aussi participes tous vous de cette Noble lettre, avec le voeu qu’il puisse être d’utilité à tous nous, incha allàh.
PS- Cet année cette lettre a été publié dans un Livre en langue arabe, Italienne et Français, édite du Zawiya de sidi Ibrahim Bassir.
Qu’Allàh récompense les Maîtres, les fils, et les Foqarà de ce Zawiya Bénit, amin
“Allàh, Allàh rabbì là sharika la-Hu” (Allàh, Allàh è il mio Signore e nulla è uguale a Lui)
assalamu ‘alaykum
Umar
Commentaire (tafsîr) des versets coraniques en lesquels il est dit:
en charge [idhn] et avec la supervision de son père Shaykh Sidi Mustafâ Bassir
Illà li-ya’budun copert.arabo.jpgillà li-ya’budun copert.francese.jpg
Introduction
Au Nom de Dieu le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux.
La Louange appartient à Dieu, Seigneur des Mondes.
Gloire à Toi: on ne peut Te louer tel que Tu Te loues Toi même !
Que la prière et la profusion magnifique de paix soient sur notre seigneur (sayyid) Muhammad, celui qui, de toutes les créatures, a été le meilleur serviteur pour Son Seigneur; qu’elles soient aussi sur sa Famille et sur ses Compagnons, les très fidèles adorateurs.
Par la Grâce de Dieu, j’ai été chargé par mon vénérable Shaykh et père Sidi Muhammad Al Mustafâ Bassir (que Dieu le préserve, le protège et lui accorde la grâce de la santé et du bien-être tout le temps qu’Il le gardera en vie) de réunir ce qui a été dit à propos de la Parole de Dieu (Gloire à Lui le Très Haut): «Et je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent [illâ li-ya’budûn] (nota1): Je ne cherche pas d’eux une subsistance; et Je ne désire pas qu’ils Me nourrissent. En vérité, Dieu est le Pourvoyeur, Le Détenteur de la force, l’Inébranlable” (Cor. LI, 56-58).
Et ceci à la suite d’une requête adressée au Shaykh, par celui qui est préposé [Muqaddem] aux fuqarâ en Italie, Sidi ‘Umar A.F., homme excellent et délicat, plein de capacité opérative dans le Voie (Spirituelle). Je me fais donc un devoir d’apporter une réponse à cette demande. Je prie Dieu de m’assister dans l’accomplissement de ce travail, de m’aider à le parfaire de la meilleure des manières, afin que nos frères résidant en Europe puissent en tirer avantage ainsi que tous ceux qui le liront dans l’intention d’en obtenir un bénéfice.
Maintenant, nous pouvons dire que le verset coranique initialement cité [qui débute la citation coranique que nous voulons étudier] est certes très bref, mais qu’il comporte des sens innombrables autour desquels tourne le secret de l’existence (sirru l-wujûd); il fait table rase des doutes qui affectent ceux dont l’intelligence (‘aql) est faible (ne sommes nous pas un peu tous faibles en intelligence?), et ouvre leur compréhension aux véritables dédales intellectuels (matâhât ).
Ceux qui perçoivent la vraie nature de leur existence dans ce bas monde [dunyâ] connaissent leur Seigneur et rendent de tels idéaux opératifs; ceux-ci récitent un tel verset jour et nuit et en réalisent le sens dans leur rapport avec leur Créateur, sans rencontrer ni incertitudes, ni doutes.
La première chose à bien comprendre est que la station spirituelle (maqâm) de la servitude (‘ubûdiyya) est quelque chose de rare et précieux : seul peut être réellement nommé “serviteur” de son Seigneur celui qui est aimé de Son Maître et Protecteur qui l’élit spirituellement en le soutenant par d’innombrables oeuvres d’obéissance et d’adoration (‘ibâda).
L’Imam Al-Bûsîrî , dans son poème célèbre intitulé ‘Hamaziyya’ dit:
«Quand la guidance commence à se fixer dans le coeur,
voilà que les membres du corps se consacrent avec énergie à l’adoration».
La preuve de nos propos se trouve dans la nuit où se sont déroulé le “Voyage nocturne” et l’ “Ascension” (laylatu l-isrâ’ wa l-mi’râj) du Prophète (sur lui la prière et la paix divine). A cette occasion, quand il fut à proximité de son Seigneur, et eut avec Lui, en hôte, un entretien confidentiel dans lequel « Il lui inspira ce qu’Il lui inspira» (Cor. An-Najm LIII, 10), Dieu le Très-Haut le désigne alors comme “serviteur” (‘abd) selon Sa Parole: «Gloire et Pureté à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur [‘abda-hu] de la Mosquée sainte (al-masjid al-harâm) à la Mosquée lointaine (al-masjid al-Aqsâ)…» (Cor. Al-Isrà XVII, 1).
Cela étant dit, avec l’aide de Dieu le Très-Haut, je m’arrêterai tout d’abord sur le sens général des versets mentionnés et sur les différentes idées et règles qui peuvent en être avantageusement tirées, sans d’autre part, omettre toutes les questions susceptibles d’être soulevées par ces versets ; j’entends par là, aussi bien les questions qui doivent être dépassées que celles qui ne doivent pas être, et ce, que ce soit de la part du musulman qui vit parmi ses frères en “terre d’Islam” (dâru l-islâm) que de la part du musulman qui vit parmi ceux qui nient la foi dans la “terre de l’incroyance” (dâru l-kufr).
La vision interprétative sera ainsi la plus universelle, comme du reste l’avantage qui pourra en être obtenu.
Et la Louange appartient à Dieu, Seigneur des mondes.
Le sens général du verset
Dans ce verset, Dieu le Très-Haut clarifie que le but de la création des deux «êtres pesants» (nota 2), c’est-à-dire les djinns (nota 3) et les hommes, est l’adoration (al-‘ibâda).
Alors que les idolâtres démentaient l’Envoyé de Dieu (sur lui la prière et la paix divine) et avaient délaissé l’adoration du Créateur, Dieu Tout Puissant, le Très-Haut, dit: «Je n’ai créé les hommes et les djinns que pour qu’ils M’adorent», c’est-à-dire, Je ne les ai créés que pour l’adoration, et pour qu’ils Me connaissent, et non parce que J’ai eu quelque besoin d’eux. En effet, le Très-haut dit: «Il ne leur a été ordonné d’adorer qu’un Dieu unique : pas de divinité que Lui. Gloire à Lui*! Il est bien au-delà de ce qu’ils Lui associent” (Cor.*At-Tawba IX, 31).
Et encore, dans un hadith qudsî, Dieu dit: «*J’étais un trésor caché. J’ai voulu Me faire connaître: alors Je créai les êtres, et par eux, ils peuvent Me connaître». C’est-à-dire, Je n’ai manifesté les créatures, que comme moyen de pouvoir être connu: Je me suis donc révélé par Théophanie par les formes extérieures de l’adoration (‘ubûdiyya); ainsi, c’est en vertu de telles modalités de ‘servitude’ que peut se révéler Ma «Seigneurie» (rubûbiyya), et ainsi apparaît Ma puissance et Ma Science. Gloire au Sage et Savant, Celui qui sait tout !
Le secret [de ce verset] pourrait se révéler dans le fait que le Savoir ou plutôt la connaissance (ma’rifa) peut être interprétée comme un équivalent de l’*«adoration» (‘ibâda), de sorte à faire ressortir que la connaissance s’obtient par l’adoration de Dieu le Très-Haut.
D’autant qu’en arabe, le terme «*ibâda*» [‘adoration’, mais aussi, ‘condition de serviteur’, ou ‘d’esclave’] dans le sens étymologique du terme, rappelle les idées d’humilité et de soumission.
Les gens de la Sunna disaient que la véritable adoration (ibâda) est la connaissance, en vouant le culte à Lui Seul, dans la pureté de but (al-ikhlâs). Et la connaissance est aussi un objectif juste et véritable.
Le verset peut être également interprété de façon à ce que Dieu ait dit*: «Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour leur ordonner Mon adoration (‘ibâdat-î, être Mes serviteurs), et leur interdire des choses déterminées.»* Et aussi: «Je les ai créés uniquement pour que les bienheureux d’entre les hommes M’adorent, et pour que les damnés ‘Me désobéissent’«. Ou encore «Je ne les ai créés que pour qu’ils manifestent leur soumission [leur condition de serviteurs], bon gré mal gré», ceci parce que le croyant obéit volontairement à Dieu, et que l’incroyant [celui qui nie la foi] en réalité, se soumet aussi au décret (qadar) de son Seigneur, ployé sous la contrainte.
On pourrait dire aussi que le sens est qu’Il n’a pas créé les djinns et les hommes que préparés à l’adoration: parmi eux, certains obéissent et d’autres refusent d’obéir; d’une manière analogue, on pourrait dire que les bovins sont créés pour le labour, dans le sens qu’ils en ont potentiellement l’aptitude, bien que parmi ces animaux il s’en trouvent qui ne labourent pas. C’est dire que l’être ‘prédisposé’ à une tâche n’implique pas nécessairement que celle-ci soit mise en application.
D’une façon générale, on peut dire que Dieu le Très-Haut a assigné à l’homme une fonction qui l’élève à la hauteur de Son Essence, et ce devoir est Son adoration (‘ubûdiyya), (le fait d’être le serviteur de Dieu’), effectuée de manière volontaire (par conséquent, il a créé un nécessaire serviteur); et Il a fait en sorte que Son Essence Elevée assigne à l’homme une fonction adaptée s’obligeant à lui garantir les besoins d’une vie paisible.
Dieu a donc créé les deux ״êtres pesants״ pour l’adoration (‘ubûdiyya, parce qu’ils sont Ses serviteurs) en exigeant qu’ils gardent continuellement l’attention sur elle (ubûdiyya); en effet, certains d’entre les hommes déploient de lourds efforts pour obtenir ce qui en réalité leur est déjà assuré, pendant qu’ils s’éloignent dédaigneux du devoir que Dieu exige en échange de ce qui leur est accordé.
Nous voyons que dans le verset en question, la mention des djinns précède la mention des hommes : le secret de ceci réside dans le fait que l’adoration (‘ibâda) des djinns est secrète, et n’est pas mêlée d’hypocrisie, contrairement à l’adoration accomplie par les hommes, comme le rappelle notre Maître, le savant docteur Wahba Az-Zuhaylî dans son oeuvre “Le commentaire lumineux” (at-tafsîru l-munîr).
Après ces premiers versets, Dieu le Très-Haut mentionne l’élévation de l’objectif inhérent à la création, Il dit: «Je ne cherche pas d’eux une subsistance ; et Je ne désire pas qu’ils Me nourrissent. En vérité Dieu est le Pourvoyeur, Le Détenteur de la force, l’Inébranlable ».
C’est-à dire, qu’à travers la création des djinns et des hommes, «*Je ne veux pas acquérir quelque bénéfice pour Moi, non plus que Je ne veux repousser quelque désavantage qui pourrait M’être généré». Ceci, en effet, est ce que les hommes exigent de leurs serviteurs. Dieu, par contre, est Celui qui est absolument Suffisant à Soi-même, Celui qui donne et qui pourvoit, dans le sens qu’Il pourvoit à Ses créatures en leur attribuant ce qui leur est utile pour leur bien ; et à Lui appartient la Force et la Puissance.
Ils [les hommes] n’ont donc pas été créés pour qu’Il [Dieu] obtienne quelque bénéfice et tire quelque avantage de leur part, c’est plutôt eux qui devront satisfaire à cette adoration (‘ibâda) pour laquelle ils ont été créés.
En définitive, Dieu Très-Haut a créé Ses serviteurs pour qu’ils L’adorent, Lui seul, sans Lui donner des associés : et donc, qui Lui obéit, Il le récompense en la meilleure des manières, qui Lui désobéit, Il le punit avec le pire des tourments. Il n’a nul besoin d’eux : par contre, eux ont besoin de Lui en tous leurs états.
Par la bouche de Ses Envoyés, Il a appelé tous les hommes à avoir foi en Lui, et leur a ordonné de L’adorer, Lui seul. Par là, Dieu guide qui Il veut et égare qui Il veut, et il en est ainsi par Sa volonté Omnipotente. Et ainsi, ils se dirigent vers cette béatitude ou cette damnation prévues de toute éternité dans la Science divine.
Les indications et les règles sacrées qui peuvent être déduites du verset
1-Le but de l’existence des djinns et des hommes
Le but de l’existence des deux ‘êtres pesants’, [les djinns et les hommes] est l’adoration [‘ibâda, ou ‘l’action propre du serviteur’ ].
Il y aura ainsi un Seigneur (Rabb) et un serviteur (‘abd), c’est-à-dire un serviteur qui adore, [ya’budu, ‘qui se conduit conformément à sa condition de serviteur’], et un Seigneur qui est adoré, [yu’badu, ‘qui est servi’].
Il est important de comprendre qu’il n’y a aucune créature, qu’il s’agisse d’un animal, d’une plante ou d’un être inanimé, à laquelle Dieu le Très-Haut n’ait pas confié un devoir; elle se tournera donc nécessairement vers cette tâche et s’y conformera.
Cher frère en Islam: considère attentivement les choses les plus minuscules, celles que tu ne peux même pas distinguer à l’aide du microscope, puis porte ton regard progressivement sur ce qui est plus grand jusqu’aux corps les plus immenses comme les planètes et les galaxies.
Et encore, jette un regard sur l’extrême diversité du monde qu’il s’agisse des animaux terriens, du monde des oiseaux, ou des animaux marins. Tu découvriras alors que chacune de ces créatures est engagée dans une besogne que Dieu le Très-Haut lui a confiée, sans qu’elle puisse s’en détourner. C’est le sens des Paroles divines suivantes: «[Ne vois-tu pas qu’ Allàh est glorifié par toutes ceux qui sont dans les cieux et sur la terre, ainsi que par les oiseaux déployant leurs ailes?] Chacun, certes, connaît sa façon de L’adorer et de Le glorifier.» (Cor.*An-Nùr XXIV, 41).
A cet égard, parmi les êtres créés, l’homme ne constitue pas une exception, et il n’est pas que le dernier des êtres à avoir été guidé à la fonction pour laquelle il a été créé.
Mais alors que les autres créatures agissent sous la contrainte, par nécessité, ou pourrions nous dire, en suivant leur instinct et leur propre nature, l’homme dispose de la capacité de choisir ainsi que Dieu le Puissant, le Très-Haut l’a décrété en le créant doué de volonté et de liberté; dès lors, il a été appelé à remplir sa mission en s’appuyant sur sa propre liberté et sur sa capacité de choisir sans que l’instinct ait sur lui un pouvoir absolu.
Ceci pour l’honorer, en évitant qu’il fût astreint à accomplir son devoir à la manière des animaux. Ceci explique que parmi les hommes, nombreux errent, égarés, nombreux se rebellent ouvertement au devoir qui leur a été ordonné de mettre en pratique contrairement à toutes les autres créatures, qui malgré leur diversité, persévèrent en se conformant aux devoirs et aux fonctions pour lesquels elles ont été créées.
L’homme exécute donc son devoir librement, en suivant un désir profond, étant donné que les conditions sont réunis en lui, aussi bien pour accepter la charge de ce devoir que pour s’en éloigner, alors que les autres créatures, répétons le, mettent à exécution la fonction qui leur a été assignée en vertu d’une contrainte liée à leur existence même, comme c’est le cas des objets inanimés ou des plantes, ou à cause de leur instinct, comme c’est le cas des animaux: à tous ces êtres, en réalité, il ne se présente aucune occasion pour dévier du rôle qui leur a été confié. Dieu le Très-Haut dit: «N’as-tu pas vu que c’est devant Allâh que se prosternent tous ceux qui sont dans les cieux et tous ceux qui sont sur la terre : le soleil, la lune, les étoiles, les montagnes, les arbres, les animaux, et nombreux d’entre les hommes? Mais nombreux d’entre eux recevront une juste punition*!» (Cor. Al-Hajj XXII, 18).
Et les Prophètes, les Envoyés divins et les hérauts du Vrai ne font donc pas autre chose qu’appeler les serviteurs (‘ibâd) à Dieu, en leur ordonnant la consécration et le détachement, sans s’arrêter au fait qu’ils soient prédestinés à la béatitude ou à la damnation : ceci en effet relève du secret de la destinée, du mystère du Vouloir divin, et ils ne doivent pas dévoiler ces choses au moment où ils appellent à Dieu. [Ce qui convient par contre de garder à l’esprit est le fait que] la volonté peut être rattachée à l’adoration (‘ibâda), comme à ce qui lui est contraire. Et le Très-Haut dit: «Nous avons destinés beaucoup de djinns et d’hommes pour l’enfer» (Cor.*Al-A’Râf* VII, 179).
2- Exhortation adressée à l’homme “soumis à Dieu” (muslim) à ne pas se soucier excessivament de sa propre subsistance (rizq), et à se détourner de l’avidité qui porte à l’avarice.
Tel est le sens des mots du Très-Haut qui constituent la seconde partie du passage coranique que nous prenons en considération: «Je ne cherche pas d’eux une subsistance ; et Je ne désire pas qu’ils me nourrissent. En vérité Dieu est le Pourvoyeur, Le Détenteur de la force, l’Inébranlable» (Cor. Adh-Dhàriyàt LI, 57-58).
Ainsi donc, le fait que les êtres soient créés pour l’adoration (‘ibâda) n’est pas dû à quelque nécessité de la part du Créateur: Dieu, en effet, est Autonome de toute adoration de la part de Ses serviteurs, et ceux-ci n’ont pas été créés pour être assujettis à quelque service dans le but de Lui fournir ou de Lui retenir la subsistance, la nourriture ou la boisson, comme il arrive que ce soit le cas dans les rapports entre les humains vis à vis de leurs serviteurs.
Dieu est l’Absolu Pourvoyeur, Il est le Tout-Puissant, le Fort, et Il n’a besoin de personne pour accroître Sa Force. Le fait qu’Il affirme être «Celui qui est Le Pourvoyeur» indique bien qu’Il ne demande pas à être soutenu et nourri, et alors qu’Il affirme encore être «Celui qui est Détenteur de La Force» Il ne demande pas quelque oeuvre. Celui qui demande d’être soutenu et nourri est pauvre (faqir) et indigent, et celui qui demande l’oeuvre de quelqu’un est impuissant et n’a pas de force. Ceci est rappelé par un autre verset dans lequel il est dit aussi: «C’est Lui qui nourrit, et personne ne Le nourrit.» (Cor. Al-An’am VI, 14).
Dieu (exalté soit-il) est donc Celui qui soutient et nourrit les créatures, Il est Celui qui est absolument Suffisant à Soi-même et qui n’a pas besoin d’être soutenu et nourri: Il nourrit, alors qu’Il ne mange pas, n’ayant nul besoin de cette nourriture nécessaire aux créatures. Il est, comme nous disions, absolument Autonome en Son Essence: Gloire à Sa transcendance ! Dieu le Très-Haut dit: «Oh hommes, vous êtes les indigents (fuqarà) à l’égard d’Allah, alors qu’Il se suffit, Lui (Al Ghanì), Le Digne de Louange» (Cor. Al-Fâtir XXXV,15). Et Il dit encore: «Et ordonne à ta famille la prière, et persévère en l’accomplissant. Nous ne te demandons pas quelque subsistance, c’est à Nous de te nourrir! La bonne fin est réservée au timor de Dieu (taqwâ Allah)» (Cor. Tâ-Hâ* XX, 132).
Par ailleurs, ces versets, ainsi que d’autres semblables, guérissent les maladies et ôtent les doutes des coeurs de ceux qui sont véridiques, jusqu’à ce que leur parvienne une grande certitude, la paix de l’âme, et la sérénité du coeur.
Nombreux sont les hadiths prophétiques et les paroles des pieux prédécesseurs à propos de la réalité de la subsistance garantie à l’homme. Parmi ceux qui ont excellé à l’expliquer, nous rappellerons l’Imam Al-Ghazâlî, dans ses ouvrages: ‘La vivification des sciences traditionnelles’ (ihyâ’ ‘ulûmi d-dîn) ou encore ‘La lampe de ceux qui cherchent’ (sirâgiu t-tâlibîn).
Je me limiterai à citer quelques paroles en tâchant de choisir parmi elles, les plus synthétiques. Par exemple, Il nous a été transmis par Abû Sa’îd Al-Khudriyy que l’Envoyé de Dieu (sur lui la prière et la paix divine) dit:”Si quelqu’un de vous essayait de fuir la subsistance que Dieu lui a assignée, celle-ci le suivrait de la même façon que la mort peut suivre une personne.”
Et dans un autre hadith , l’Envoyé (sur lui la prière et la paix divine) dit : “Celui qui se préoccupe de l’Autre vie (akhira), Dieu enrichi son coeur, réunit les choses pour lui, et veille à ce que le bas monde (dunyâ) vienne à lui, humilié. Celui qui, par contre, se préoccupe du bas monde, Dieu le rend avide, sépare et disperse ses affaires, et il n’obtient de ce bas monde que ce que Dieu lui a destiné.” Muhammad
Et dans un hadith qudsi (c’est-à-dire un hadith qui mentionne les paroles de Dieu), le Prophète (sur lui la prière et la paix divine) rapporte ces paroles du Très-Haut: “Oh fils d’Adam, consacre toi à Mon adoration et Moi j’enrichirai ton coeur, et Je te tirerai du besoin et de la pauvreté; et si tu ne le fais pas, Je remplirai ton coeur de préoccupations, sans jamais combler ton besoin.”
Également nous trouvons rapporté dans un des Livres sacrés ces paroles de Dieu: “Oh fils d’Adam, Je t’ai créé pour M’adorer: ne sois pas distrait! Je me suis chargé de ta subsistance: ne te fatigues pas [pour l’obtenir]! Cherche-Moi, et tu Me trouveras : si tu Me trouves, tu trouves tout, mais si tu Me perds, tu perds tout ! Et en réalité Je suis Ton grand Amour.”
Le «connaissant par Dieu» [al-‘ârif bi-llah], Abû Hârith Al-Muhâsabî raconte: «Je demandai à mon Maître: ‘D’où vient l’agitation situé dans les coeurs, si Dieu, le Puissant le Très-Haut nous a tout assuré ?’ Il répondit: ‘Ceci est dû aux deux aspects suivants: le peu de connaissance et le fait que rarement on préjuge en bien à propos de Dieu.’ Je lui demandai encore: ‘Est-ce qu’il y a quelque chose d’autre?’ ‘Oui’, dit le Maître, ‘en effet, Dieu Puissant et Très-Haut promet et garantit aux hommes leur subsistance, mais il en a caché le temps pour éprouver ceux qui sont doués d’intelligence: s’il n’en était pas ainsi, tous les croyants seraient satisfaits de Dieu, et se confieraient à Lui patiemment. Dieu les a informés qu’Il pourvoit à leurs besoins, et Il s’y est engagé tout en tenant caché le temps de la donation. A partir de cela, Il distingue l’élite du commun des Musulmans, et différencie Ses adorateurs: parmi eux, certains sont sereins et d’autres agités, certains sont révoltés et d’autres craintifs. A la mesure de cette différentiation dans les niveaux de connaissance des choses supérieures [ma’rifa], ils se différencient également par différents niveaux de certitude dans la foi.’*»
Les sens qui sont présents dans les versets cités nous les retrouvons dans l’un des ‘Aphorismes sapientiaux’ du connaissant par Dieu (al-‘ârif bi-llah) Ibn ‘Atâ’ Allàh: «Ton effort à poursuivre ce qui t’est garanti, et ta négligence à accomplir ce qui t’est demandé prouve que ta vision intérieure (basîra) est obscurcie»*(voir Al-hikam, hikma n° 5).