شهادة الدكتور عبد الإله بيدقي مقدم الطريقة البصيرية بفرنسا في حق الفقيد السيد عمر، مقدم الطريقة بإيطاليا
Un rappel aux vivants
A la mémoire du faqīr et Moqaddam Sidi Omar A.FRIGO
Le lundi 18 mai 2020 correspondant au 25ème jour du mois de Ramadan de l’année 1441 AH, un jour du mois où la Révélation du Verbe s’est manifestée auprès des Hommes par la Volonté Divine al Qur’ān Synthèse et Totalité des Révélations Divines, un lundi correspondant à la Naissance du Messager d’Allah Sayyiduna Muhammad (Salla llahu ‘alaihi wa sallam), correspondant à une période exceptionnelle pour ceux qui en connaissent le secret, Sidi ‘Umar a été rappelé à Allah. Ce ne sont que des signes de lecture qui nous aideront à écarter la notion du hasard liée à une approche rationnelle mettant la lumière sur la destinée d’un homme qui, en associant sa famille, n’a fait de son idéal que: al Qur’ān, le Messager d’Allah et son Maître Spirituel.
Sidi ‘Umar a été initié dans la Tariqāh AD-Darqāwîa par le Cheikh Sidi Al Mustafā Bassir, qu’Allah Bénisse leur âme. Sidi ‘Umar était le disciple par excellence, il a su progressivement donner sens aux enseignements reçus par son Maître, en classifiant les priorités de sa vie et celles de sa famille selon un ordre primordial correspondant à un critère d’ordre métaphysique. Il en a fait une référence dans ses pratiques quotidiennes visibles et lisibles pour tous.
Ancré dans le paysage culturel Italien, Il a fait preuve d’une capacité hors du commun pour s’extraire des attaches boueuses du monde moderne symbolisées, entre autres, par cette agitation incessante des Hommes et favorisée par la multiplicité dans un monde qui a perdu le sens de l’Unité Divine. Sa disposition Intellectuelle, un don divin, et sa prise de conscience de ce que représente le « progrès », l’ont aidé à trouver la voie tant recherchée et concrétisée par l’attachement à la Tariqāh AD-Darqāwîa de Sidi Moulay Al Mustafā Bassir. Il était conscient que la rencontre d’un vrai Maître était une étape fondamentale pour la traversée du chemin. L’authenticité, la sincérité et l’humilité, dont Sidi ‘Umar disposait, sont des critères indispensables pour un aspirant à l’accomplissement de Soi. Il avait compris qu’abandonner tout son Être en renonçant à tout ce qui se rapportait à son Égo était une condition nécessaire et non suffisante pour être emporté dans l’océan de La Réalité Divine. Lors des enseignements en présence du Cheikh dans une langue originelle, la langue Arabe, son Intuition Intellectuelle pure et vive a toujours su lui suggérer le sens profond de ses enseignements. Pour une personne qui ne maitrisait pas la langue Arabe, c’est en soi une réalisation spirituelle ou un signe clair que le récepteur de ces charges spirituelles n’était autre que son cœur lustré par la lumière divine. Ainsi, son cœur s’ouvrait et la lumière pénétrait dans une douceur exprimée par l’émotion à peine visible dans son regard partagé par cette complicité d’Amour que nous avons toujours partagée autour de notre Cheikh bien aimé. Cet état de présence n’était qu’un moment parmi d’autres ou jaillissaient les parfums et la lave parfumée de son cœur rempli d’Amour. Cet état de présence l’a toujours préoccupé. Invité en France pour partager un moment de Ḏikr avec des disciples de Sidi Mustafā, il ne met au centre lors de sa prise de parole que les enseignements de son Maître, en comprimant toutes les tendances de son Égo évitant ainsi de parler de lui. Il ne met la lumière que sur ce qui est essentiel à savoir l’enseignement Spirituel de Sidi Al Mustafā Bassir, que sa plume a su graver dans un cahier qui a donné naissance à des écrits comme des empreintes des enseignements oraux reçus directement par son Maître. Un de ses livres est intitulé la Suhba. Ce titre qui indique la pratique intérieure d’une expérience spirituelle qui correspond à un dévoilement de l’essence par le compagnonnage d’un vrai Cheikh Spirituel et qui permet de dévoiler en toute simplicité la fonction profonde d’un Maître et d’un disciple.
Aujourd’hui, nous sommes par la Grâce d’Allah contraint à apporter un témoignage ne dévoilant qu’une infime partie de ce que nous connaissons de ses manifestations spirituelles.
Au début de son initiation, Sidi ‘Umar n’a jamais cherché à voiler les contradictions entre sa réalité extérieure et intérieure. C’est-à-dire qu’il n’a jamais cherché à polir son apparence aux yeux des autres disciples. Il s’est présenté en état brut pour laisser la place à une transformation spirituelle car le métal argenté ne peut pas rendre actives les actions d’une alchimie qui n’a de l’effet que sur le métal pur.
Lors de nos échanges, Sidi ‘Umar a réalisé que les prières n’étaient pas pour lui qu’un rituel lié à une pratique exotérique et donc à une contrainte quotidienne, mais le moment d’un voyage transcendant dont la destination n’était autre que la Présence Divine. Il a aussi compris que pour réaliser cet état, une délivrance des attachements matériels contribuait à l’extinction de l’action de notre courant mental. Il cherchait à pérenniser ces instants en réalisant que seule la pratique d’un Ḏikr permanent était un moyen d’y arriver, mais devant les qualités qu’il faut acquérir et qui sont dans le registre des prophètes et des messagers d’Allah, nous étions réduits, juste à essayer de loin , de poursuivre sur la voie des As-Siddiqīn. Le fait de savoir qu’il suffisait à l’abeille de sentir le parfum d’une fleur pour se préparer à un long et périlleux voyage, car emportée par cet appel irrésistible de cette saveur située parfois à des distances lointaines, suffisait pour faire vivre l’espoir d’atteindre une station presque inaccessible par la raison ordinaire.
Je ne souhaite pas transformer ce témoignage envers Al faqīr Sidi ‘Umar en un étalage de ses dispositions et qualités spirituelles dans la pratique de la voie. La discrétion et le silence dont il faisait preuve étaient ses postures naturelles. Mais, au-delà des condoléances, que je présente au nom de tous les fuqāra’ de France, à toute sa famille proche, ses amis, à tous les disciples de la Tariqah et au Cheikh Sidi Moulay Ismail Al Bassir, j’espère avoir présenté
par ces quelques mots un aperçu de la fonction de Paix d’un faqīr authentique au 21ème siècle pour donner l’espoir d’une élévation spirituelle pour tout Homme dont la volonté propre est soumise à la lumière divine. Nous sommes tous des pierres précieuses et nous devrions perdre de notre opacité pour laisser transparaître la lumière qui est en nous. La Suhba à l’image des Compagnons du Messager Sayyiduna Muhammad (Salla llahu ‘alaihi wa sallam) nous rappelle la source d’une pratique dont le secret de transmission d’un enseignement métaphysique continue à nous parvenir par la voie des Cheikh authentiques et rares de nos jours, qui ont su préserver cet héritage face à des transformations ou des tentations irrésistibles du monde moderne.
Si nous avons perdu la douceur de sa présence physique et la chaleur de son regard chargé d’Amour, nous avons inscrit à jamais sa mémoire dans nos cœurs et il sera associé à nos prières en toutes circonstances.
Qu’Allah illumine sa tombe et les cœurs de ceux qui l’ont connu et aimé en Allah. Amine.
Al faqīr Abdelilah / عبد الإلاه بيدقي
Paris, le Samedi 22 mai 2020 correspondant au 29 Ramadan 1441 AH.
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