Encouragements spirituels du Shaykh aux Fuqarà d’Europe
Bismilahi r-Rahmâni r-Rahâm
Wassalatu wa salamu ‘alà sayydinà Muhammad
Très-chers Nobles Frères et Nobles Soeurs en Allâh,
Nobles Fuqarâ et Nobles Faqirat
Assalamu ’alaykum wa rahmatullahi wa bartakatuhu,
a vous tous, à vos Nobles Maîtres et à tous ceux qui récitent “là ilaha illà Allâh” avec vous.
Pour nous tous qui sommes nés et qui vivons en Europe (France, Italie, Allemagne, Angleterre, Espagne, etc) et à qui Allâh a ouvert les coeurs à l’Islam –El Hamduli’Llah-, pratiquer la Religion (Din) d’Allâh, l’Islam, et suivre les enseignements de la Noble Sunna de notre très-aimé Prophète (sallà Allahu ‘alayhi wa sallam) tout en tirant profit de la Noble compagnie de nos illustres Maîtres, qu’Allah a bien voulu nous accorder, n’est certes pas chose facile.
Bien souvent, on se sent seul, sans défense, pas prêt, pris de découragement avec la crainte de ne pouvoir continuer dans cette Noble Voie spirituelle, la Tariqa Allâh; l’accomplissement des dévotions demandées par Allâh peut même parfois nous sembler inapproprié tellement est lourde la sensation d’être comme un “saumon” évoluant à contre-courant, ce courant moderniste qui, avec une force toujours plus grande, nous pousse vers le bas, vers l’ignorance, vers l’oubli du souvenir de Dieu, vers Son éloignement.
C’était en l’année 1996, cela faisait deux ans environ qu’Allâh m’avait octroyé le grand cadeau de connaître Son Wali , Son Ami, devenu mon Maître Spirituel (au Maroc), le Shaykh sidi Mustafâ Bassir, qu’Allâh soit satisfait de lui et le récompense avec les meilleures récompenses. Bien que je voyageais fréquemment entre l’Italie et le Maroc pour lui rendre visite et rester ainsi le plus souvent possible en sa compagnie (suhba), compagnie qui me remplissait le coeur de paix (sakina) et d’amour (mahabba) pour Allâh et pour Son Prophète (salallahu aleyi wa salam), je restais cependant très fragile.
Et alors que je vivais un moment de profonde tristesse et de très fort découragement, je me suis adressé à mon Maître en lui demandant de m’aider; je lui ai écrit une lettre dont voici les termes (salutations et remerciements mis à part):
“Très cher Shaykh Sidi Mustafà Bassir, quand je suis en ta compagnie et en compagnie des fuqarâ de la Zawiya Bénie, mon coeur se réveille et il s’illumine avec le baraqa d’Allâh, mais quand je suis en Italie, tout seul, tout devient difficile; je deviens paresseux dans la voie d’Allâh, mon coeur s’endort, je deviens fragile et faible aux suggestions du shaytan et dans la lutte de l’ego (jihad an- nafs ) qui devient dure et douloureuse. Je te prie, si tu peux, mon très-cher et noble Shaykh, de m’écrire seulement quelques mots qui puissent me redonner “force” et me rendre “solide”, “arrêté”, et “stable” dans la servitude d’Allâh“.
Le très-aimé Shaykh m’a répondu tout de suite, avec une très belle et généreuse lettre; alors que je lisais ses mots nobles et chaleureux qui s’écoulaient comme du miel en mon coeur, ma poitrine se dilatait de joie noyant mes yeux de chaudes larmes que je n’arrivais plus à retenir, al hamdu lillàh. Le Shaykh était avec moi, avec son amour immense, il me réconfortait, m’aidait et m’incitait dans le chemin (suluk) vers Allâh. Al hamdu lillâh.
Qu’Allâh récompense Ses Amis intimes et Ses saints – Awlyâ- qui consacrent leur vie, dans la générosité et sans trêve, à guider les hommes vers Allâh. Amin.
J’ai donc pensé, mes très chers frères et soeurs en Allâh, qu’il serait utile de transmettre cette lettre dans ce Noble Forum des Fuqarâ et des amants de la Voie d’Allâh (Tariqa Allâh); j’émets le voeu que ces mots qui ont pu m’aider et qui continuent à m’aider ainsi que les frères qui sont avec moi, puissent vous aider tous, incha Allâh.
wa assalamu ‘alaykium
Umar A.F.
Encouragements Spirituels du Shaykh
aux Fuqarâ d’Europe
par Shaykh Sidi Muhammad al-Mustafà al-Bassir (r.a.)
(Lettre n° 3 du 10 Octobre 1996 – 26 Jumàda 1417 H. )
Bismi-Llâhi ar-Rahmâni ar-Rahîm,
Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux.
Que la Bénédiction et la Paix d’Allâh soient sur notre Prophète Muhammad dont les promesses sont véridiques, sur sa famille et sur ses compagnons, amîn.
De la part du faible serviteur (al-‘abd al daif), l’indigent (faqir) de son Seigneur le Très-Haut le Puissant, le serviteur de nos proches (sadàtinà), les fuqarâ de la Zawiya de mon père, le Shaykh Sîdî Ibrahîm, – Muhammad al-Mustafâ al-Bassir – ; Allâh est son Seigneur.
À nos messieurs (sadàtinà), à nos frères en Allâh et en Son Prophète, les nobles gens qui appartiennent à la Voie d’Allah et de son Prophète – sur lui les bénédictions d’Allâh et la paix-, tous les fuqarâ d’Italie sans exception, hommes et femmes, grands et petits, – et il n’est de petit que par l’âge – et en particulier le muqaddem digne de respect, le noble, le jeune qui sait discerner, qui pratique le Dhikr (le souvenir d’Allâh), qui aime et qui réussit, Sîdî ‘Umar, et ceux des frères qui sont avec lui, Sîdî Abd ar-Raqîb, Sîdî Abdul-Halîm, Sîdî Yusûf et les autres frères, qu’Allâh mette en tous le bien, ainsi ils réussiront.
Qu’Allâh vous et nous mette sur la voie de la réussite, qu’Il gouverne nos affaires et les vôtres, comme Il l’a fait pour les affaires de Ses serviteurs bien arrivés. Qu’Allâh nous immerge tous dans l’Essence (Aïn) de la mer de Son Amour, et qu’Il nous abreuve de Son Affection et de Sa Connaissance.
Assalâmu ‘alaykum wa rahmatu-Llâhi Ta’ala wa barâkatuhu
J’ai reçu ta précieuse lettre (‘Umar), débordant d’amour et d’affection de ta part, et s’enquérant de nos nouvelles ; cela témoigne de la sincérité de tes sentiments, de ton goût et de la pureté de ce qui se trouve dans ton coeur ; qu’Allâh l’éclaire avec la lumière de Sa connaissance.
El-hamdulillâh, nous (sîdî Mustafâ) nous portons bien ! Nous sommes dans une situation de bien total donnée par Allâh Le Très-Haut, Le Puissant. Tous nos états sont sous la Protection d’Allâh et de Sa garde et autant pour vous (insh’Allâh) comme nous en a informé notre aimé et le vôtre, sidi A.
A l’instar de ce que tu as écrit dans ta lettre, élégante par ses termes et allusions, je voudrais te raconter une histoire arrivée à notre bien-aimé Prophète – sur lui les bénédictions d’Allâh et la paix – :
«Un des Compagnons (Sahabba) qui fait partie des Gens de l’Amour et du Goût, a dit à notre Prophète – sur lui les bénédictions d’Allâh et la paix – :
“O mon seigneur, quand nous sommes en votre présence nous sommes dans un état tel que nous ne pensons plus aux fils, aux frères, aux amis, nous oublions le monde et ses attraits. Quand nous partons et que nous retrouvons nos enfants, nos frères, nos amis, nos biens et tout ce qu’affiche le monde avec ses distractions et ses contradictions, nous nous retrouvons dans un état différent de celui dans lequel nous nous trouvions en votre compagnie.”
Le Prophète, notre maître – sur lui les bénédictions d’Allâh et la paix- en les conseillant et nous-mêmes à travers eux, a dit :
“Par Allâh, si vous restiez dans l’état dans lequel vous vous trouvez lorsque vous êtes en notre présence, les Anges viendraient vous serrer les mains dans les rues mais à chacune de vos situations correspond un état (hal)”. Il a encore dit: “Ta station (maqâm) est celle où Allâh te met». Allâh vous a mis dans la station (maqam) des combattants (al-Mujiahidin) de la grande guerre sainte (jihàd akbar) qui est le combat contre l’ego (jihàd an- nafs ).
[O Fuqarà] Je connais vos souffrances et ce que vous endurez, toutes les difficultés majeures que vous supportez, et ce, chaque secondes, minutes, heures, jours, nuits, semaines, mois et années passés au travail, au-dehors, avec les voisins, les frères et les intimes. Vous supportez des choses que ni les cieux ni les montagnes ne peuvent supporter; n’arrivera à se maintenir et à se stabiliser dans cet océan agité que celui qui est comme ceux désignés par le Très-Haut :
“Toutefois ne reçoivent cette faculté que ceux qui sont patients (as-sâbirîn) et celui possédant un immense don” (Qur’ân 41, 35)
Ecoutez ce qu’Il dit aussi :
«En vérité Allâh est avec ceux qui le craignent et avec ceux qui font le bien». (Qur’ân.16,128)
et ce qu’Il dit encore:
«Ceux qui pour nous auront mené combat, Nous les dirigerons certes dans Nos Chemins. En Vérité Allâh est certes avec les Bienfaisants ». (Qur’ân.29,69),
et encore:«Allâh est avec les patients (wa inna llàha ma’a as-sâbirîn)» (Qur’ân 2, 153).
Alors que l’homme sent, et que le murid perçoit la présence d’Allâh, non pas à titre général, mais intimement ainsi qu’il en est avec les purs, Ses élus et Ses préférés (Ses Awlyâ), Allâh lui donne un soutien qui dissipe ce qui l’assiège; Allâh est son diligent assidu qui n’est jamais distrait et si le croyant vient à être distrait, Il ne l’abondonne pas, et lorsque vous pratiquez le dhikr d’Allâh (l’invocation d’Allâh), seul ou en groupe, Il est avec vous, vous invoque et vous garde, se charge de vos affaires, comme il le fait pour Ses serviteurs bien-guidés.
Allâh le Très-Haut dit aux gens de cette station:
« – Ne faiblissez pas, ne vous attristez point, alors que vous êtes les plus hauts, si vous êtes croyants !
– Si une plaie saigne en vous, une plaie semblable a saigné en ce peuple [impie]. Ces jours [heureux et malheureux], Nous les faisons alterner parmi les Hommes pour reconnaître ceux qui croient et prendre, parmi vous, des Témoins -Allah n’aime pas les iniques-
– pour faire briller ceux qui croient et rejeter dans l’ombre les dénégateurs.
– Comptez-vous entrer dans le Jardin sans qu’Allah ne sache, parmi vous, qui sont ceux qui on mené combat, et ceux qui sont Patients (as-sâbirîn)?»(Qur’ân 3, 139-142)
Le croyant, de toute les manières, que ce soit ici ou ailleurs, en tous temps et en tous lieux, est un étranger dans la société ainsi que l’a dit notre Prophète- sur lui les bénédictions d’Allâh et la paix : «la Religion (Din) vous est parvenue étrangère, et elle reviendra étrangère, bienheureux sont donc les étrangers »
Avec celui-ci, vous, et l’éloge appartient à Allàh (wa lillàhi hamd) , vous êtes dans un état tel, que si les gens savaient bien l’immensité qu’il comporte, il vous batterai [pour la jalousie].
La vie de ce bas-monde (dunya), telle qu’Allâh l’a faite, avec ses contradictions, ses tentations, ses distractions, ses plaisirs et ses illusions furtives, s’est emparée des coeurs et des esprits [des gens], et c’est bien ce que voulait le Shaytân, ennemi d’Allâh et de l’homme; ne s’en échappe que celui qu’Allâh a guidé, a pris par la main et dont Il a conforté le coeur, ainsi qu’Il l’a fait pour Ses Awlyâ et Ses Aimés .
Je vous exhorte ainsi qu’à moi même la crainte d’Allâh (taqwà Allâh), d’observer sa présence en toutes situations, dans le bonheur ou la disgrâce, dans la joie ou dans la peine, dans l’incitatif et le dissuasif, dans la difficulté et la facilité, dans l’abondance et le besoin, car Il (Allâh) est avec nous. Il nous voit et connaît ce que nous supportons de difficultés et de malaises, pour avoir Sa satisfaction, et dans l’espoir du bien qu’Il peut nous donner, infini et éternel.
Je prie Allâh le Très-Haut, pour vous et pour moi, qu’Il nous procure constance dans la vie et dans la mort, qu’Il donne fermeté à nos pas et aux vôtres, ainsi que la réussite et la bonne direction.
Ce qui nous procure indulgence et nous renforce, c’est l’assiduité dans le Dhikr et l’Istighfâr (réciter astarfirullâh -demande de pardon-) sans se préoccuper des autres, c’est observer le déroulement des événements et leur apparition suivant le Décret divin grâce à la Sagesse de l’Aimé qui pardonne de jour et de nuit (Al ‘Aziz Al Ghaffar) car il n’y a rien dans l’Univers qui ne soit voulu de Lui : aucun mouvement ou repos n’est qu’avec Son autorisation, en nos âmes, en nos états (hâl) et dans les horizons. Comprenez donc cela ! Qu’Allâh vous mette sur la bonne voie.
Acceptez notre salut (salâm) et transmettez-le à tous ceux qui expriment le culte sincère : « Lâ ilâha illâ Allâh –Muhammadun Rasulullâh », surtout à votre fidèle épouse Saïda L., vos chers enfants et surtout votre fillette , qu’Allâh mette le bien en tous. Tous ceux qui sont à la Zawiya ne vous oublient pas comme ils n’oublient pas les moments précieux que vous avez vécu avec eux. A bientôt (insh’Allâh).
Assalâmu ‘alaykum wa rahmatu-Llâhi wa barâkatuhu
Griffé: Muhammad al-Mustafà Bassir bin Sìdì Ibrahim
Lettre écrite par le Shaykh Sîdî Muhammad au Mustafâ Bassîr au faqir Umar A.F. (Italy) Le 26 du mois de Jumàda 1417 an dell‘Egira, (10 Octobre 1996) au Zawya Sidi Ibrahîm al-Bassîr – Localité Bany ‘Ayat – Maroc
– Lettre publiée pour la première fois en langue française sur www.soufisme-fr.com (par Umar A.F et avec l’aide de la soeur Saida Mariam, qu’Allàh la récompense) –
{jathumbnail off}